Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
10 janvier 2010 7 10 /01 /janvier /2010 12:54

Ulrich Tukur. Les Films du Paradoxe

Laura

Le ruban blanc, symbole de l'innocence perdue et de la trahison, que les enfants doivent porter jusqu'à ce qu'ils aient reconquis la confiance parentale. Symbole de la faute et de la rédemption (artificielle). Image visuelle lorsqu'il est accroché à la manche noire de l'enfant, symbole également d'une éducation de soumission, de châtiments et de tortures morales.

Dans un petit village d'Allemagne du Nord à la veille de la Première Guerre mondiale, de sombres événements surviennent : passage à tabac, torture, etc.  La tension est palpable tant dans le noir et blanc austère que sur les visages des personnages. Chaque porte d'entrée se referme sur les secrets de chacun, inceste, éducation extrême. Ce thème fréquent est ici traité avec une telle austérité et une telle distance qu'il ne peut que prendre à la gorge.

Je voulais en savoir plus sur la polémique qui a animé le festival de Cannes et me faire ma propre opinion quant au mérite d'Haneke. Je pense que la réponse est flagrante. Les images tirées au cordeau, le noir et blanc, froid et dur, appuient parfaitement le sujet du film. Le fond et la forme en font une oeuvre glaciale, éprouvante, qui ne peut laisser indifférent. On en sort étourdi, pas forcément à l'aise, mais saisi.

Ronan

Un noir et blanc et des cadres d'une beauté confondante, en effet. L'esthétique est irréprochable et comme le dit Laura, elle sert une forme à qui elle sied à merveille.

On ne peut s'empêcher de penser au Village des damnés, mais le sujet est autrement plus grave puisqu'on sent poindre les années noires que l'Allemagne traversera dans les décennies à venir à travers ces visages d'enfants. Il fallait donc choisir une certaine délicatesse pour traîter un sujet aussi lourd, ce que Michael Haneke fait avec beaucoup de justesse.

Le film montre peu, parle peu, et ne tire que peu de conclusions, mais l'atmosphère nous saisit dès le début du film et ne nous lâche pas jusqu'au générique de fin, silencieux, comme si le pire était toujours à venir.

Une œuvre magnifique et étonnante, dont on ne sort pas indifférent.



Partager cet article
Repost0

commentaires