Laura
Agnès Merlet parvient à créer une atmosphère très particulière, pas vraiment angoissante mais plutôt étouffante. Une sensation de claustrophobie se dégage de cette île étroite et coupée du continent où les habitants vivent à l'image d'une meute. Et cette impression est renforcée par des paysages immenses et magnifiques.
Dans cet univers si particulier où le moindre étranger est perçu comme une menace, la venue de la psychologue, contrepoids dune religion très présente, est encore plus mal acceptée.
Ce film est très intéressant dans la mesure où il flirte avec diverses approches de la même question : documentaire, sociologique, psychologique et fantastique. Mais, selon moi, ce qui fait son intérêt fait aussi sa faiblesse. À naviguer entre réalité et fantastique, je suis restée entre deux eaux, avec limpression quil eût mieux valu, pour mon plaisir personnel, plonger dans lune ou dans lautre. Lexplication purement psychologique ne me satisfait pas mais laspect fantastique nest pas non plus assez poussé à mon goût.
Jen garde tout de même une bonne impression. Lhistoire tient la route, notamment grâce à des acteurs remarquables.
Ronan
J'ai découvert Agnès Merlet en 1995 avec Le fils du requin, puis un peu plus tard, j'ai vu Artemisia, deux films qui m'ont beaucoup marqué ; l'un sur la vie des enfants de la DASS, l'autre le portrait historique d'une femme peintre à la Renaissance, en Italie. Et, semble-t-il, la réalisatrice n'a plus rien fait depuis avant Dorothy, dont la bande annonce fait plus penser à L'exorciste qu'autre chose !... Bref, autant le dire, cette cinéaste, trop méconnue, voyage sans passeport d'un genre à l'autre et reste assez insaisissable ! De ces trois films, je garde une impression assez similaire. Il y a toujours un certain flottement, une instabilité de l'intrigue. Toute l'attention de la caméra est portée sur les personnages, perdus dans leurs destins tortueux mais implacables, qui se débattent avec la plus digne humanité. Dorothy tient pourtant ses promesses : l'intrigue est bonne et réaliste, les scènes de confrontation sont angoissantes, mais à y repenser, on retient surtout le portrait de ces deux femmes, tracé avec beaucoup de finesse. À voir pour la performance remarquable des actrices, en particulier la jeune Jenn Murray, et les superbes plans Cinemascope. Ceux qui ont préféré le Sixième Sens la deuxième fois, je pense, y trouveront leur compte !...